S'inscrivant dans le champ de la méthodologie juridique, les travaux de la Chaire de rédaction juridique Louis-Philippe-Pigeon sont consacrés à l'étude du langage et de la structure du droit. Tant l'énonciation des règles que l'enseignement, la pratique et la critique du droit sont des activités langagières. Le droit apparaît ainsi comme un discours qui en engendre d’autres.
Les travaux de la Chaire s'intéressent tout particulièrement à la dimension écrite du discours juridique. Une réflexion, même sommaire, sur le phénomène juridique dans les sociétés contemporaines laisse voir la place centrale qu'y occupe l'écrit. L'idée de règle écrite étant intimement liée à la notion même de droit, les préoccupations relatives à la qualité de la rédaction des textes juridiques se rattachent donc à l'essence du droit et de son intervention dans la vie humaine. À cet égard, les activités de recherche de la Chaire portent plus précisément sur la rédaction et l'interprétation des textes juridiques ou en rapport avec le droit, sur la structure qui émane de ces textes de même que des principes, des règles et des concepts qu'ils contiennent et, enfin, sur l'organisation de la documentation dans le domaine juridique.
Les écrits juridiques susceptibles d'intéresser la Chaire sont nombreux et variés. Tout d'abord, ils regroupent l'ensemble des textes qui véhiculent des règles juridiques, aussi bien ceux qui sont produits par les divers organes de l'État que ceux qui manifestent la volonté d'autres acteurs publics (notamment les collectivités locales et autochtones) et d'acteurs juridiques privés (contrats, conventions collectives, normes d'autorégulation collective, normes internes d'organisations privées). Les écrits juridiques incluent également les textes produits par les autres systèmes normatifs (normes techniques, scientifiques ou disciplinaires) avec lesquels le droit est appelé à nouer des rapports d'interconnexion. Enfin, ils comprennent les oeuvres de doctrine qui, outre qu'elles font un examen critique des autres sources du droit, en proposent une synthèse et une systématisation.
Dans l'ensemble de ses activités, la Chaire se préoccupe des principaux enjeux liés à la rédaction juridique et à la structuration du droit :
- faciliter l'accès à la justice et au droit;
- accroître l'intelligibilité et, à travers elle, la légitimité et l'effectivité des normes juridiques;
- favoriser, chez les destinataires des normes juridiques, l'appropriation de leur contenu;
- promouvoir la sécurité juridique;
- contribuer à une gestion plus rigoureuse du corpus normatif et à sa cohérence;
- favoriser l'adéquation du droit avec les besoins de la société;
- réduire les coûts financiers et sociaux induits par les défaillances de la rédaction des textes normatifs;
- contribuer à réduire l'incidence des différends et le volume du contentieux;
- accroître l'efficacité du travail et de la communication juridiques.
La Chaire entend se montrer fidèle à l'exemple du grand juriste démocrate dont elle porte le nom et qui, en son temps, a su discerner ces enjeux, en ouvrant la voie à une action formatrice et réformatrice sur le terrain de la rédaction juridique.
Les travaux de la Chaire bénéficient de l'éclairage du droit comparé, en puisant dans les traditions du droit civil et de la common law. La mixité du droit québécois et le bijuridisme du droit fédéral créent dès lors un contexte particulièrement favorable aux recherches comparatives. Le bilinguisme qui les caractérise ajoute encore à la complexité et à la richesse de celles-ci.
Si les travaux de la Chaire s'inscrivent principalement dans une perspective juridique, ils reconnaissent aussi pleinement l'apport de l'interdisciplinarité. Plusieurs disciplines peuvent être mises à contribution, notamment la linguistique, l'histoire, la philosophie et la sociologie du droit, la science politique, l'économie, la psychologie cognitive et les sciences de l'information.